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La culture et
la chanson française attisent depuis longtemps l'intérêt du peuple japonais. Au sortir de
la seconde guerre mondiale, la chanson française arrive au Japon fort
discrètement. Une grande
dame de la chanson, première d'une longue suite, Damia, découvre le Japon en
1953. Du 3 au 22 mai elle chante ses chansons réalistes à Tokyo, Nagoya, Osaka,
Fukuoka et Sendai. Damia raconte ses tournées au Japon. Par la suite,
d'autres collègues de Damia se produiront au Japon : 1954 Joséphine Baker, 1955
et 1958 Yvette Giraud, 1958 Jacqueline François, 1959 : Charles Trénet, 1960
Les frères Jacques, Yvette Giraud, 1961 Juliette Gréco, 1962 Georges Ulmer,
Yves Montand, 1963 : Marcel Amont, Gilbert Bécaud, 1964 : Zizi Jeanmaire, 1965
: Juliette Gréco, Sylvie Vartan, Jean Sablon, 1966 : Yvette Giraud, France
Gall, 1967 : Yvette Giraud, Jacqueline François, Colette Renard, Salvatore
Adamo, Enrico Macias, 1968 : Charles Aznavour, Salvatore Adamo, Enrico Macias,
1969 : Salvatore Adamo, Enrico Macias, Paul Mauriat,.... 1965, parait
le second 33 tours enregistré par Barbara chez Philips. Aux antipodes, depuis
un an, Fumio Nagata (1927-2016) se démène. Il voudrait tant que Philips
commercialise l'album à la rose au Japon. Cet amoureux de la chanson française
créa en son pays leun magazine "Chanson" en 1948. Il traduit des
chansons d'Edith Piaf en japonais. Il se passionne pour la chanson française.
Une photographie de Barbara, prise à l'Ecluse en 1959 arrive un jour entre ses
mains. Cette femme assise à son piano attise sa curiosité. Avec une pochette
modifiée, Philips commercialise enfin l'album à la rose mais avec un tirage
limité en 1965. Dans les
années qui suivent, plusieurs chanteurs japonais traduisent et reprennent des
chansons du répertoire de Barbara, Pierre, Nantes, Dis quand reviendras-tu ?.
Sa notoriété au Japon demeure malgré tout confidentielle. Au début de la
décennie Au cours de
l'année 1970 chanteront au Japon : Gilbert Bécaud, Charles Aznavour, Dalida,
Enrico Macias, Marcel Amont, Franck Pourcel, Serge Gainsbourg et Jane
Birkin.... La maison de
disques Philips songe : Et pourquoi pas Barbara au Japon. Courant
novembre 1970, s'ouvrira le Tokyo International Popular Song Festival (ou
Festival Yamaha). Cette première édition se déroulera sur trois jours. La
chaîne TV Fuji diffusera l'évènement. Trente sept pays participent au festival.
A l'issue de chacun des deux premiers jours, les finalistes se retrouveront le
troisième et dernier jour pour la finale. En ouverture de chacune des trois
journées des artistes se produiront en invités sur scène. Le Budokan Hall de Toyko abrite
cette première édition devant plus de 10 000 spectateurs. Finalement,
Barbara laissera quelques jours Paris et s'envolera pour Tokyo. En 1964, les
organisateurs des olympiques de Tokyo érigent le Budokan hall dans la partie
nord du parc du palais impérial de Tokyo (Kokyo). Ce bâtiment de forme
octogonale s'élève au milieu du parc. 14 471 spectateurs peuvent remplir la
salle. En 1996, Le Budokan hall ouvrit ses portes à la chanson avec un concert
des Beatles. Plusieurs artistes français se produiront par la suite en ce lieu
: Salvatore Adamo (1973-1974-1976), Michel Polnareff (1975-1976), Michel
Delpech (1972), Paul Mauriat (1976-1977), Raymond Lefèvre (1977-1978). En 2020,
le Budokan Hall devait accueillir les épreuves de karaté des jeux olympiques. Vendredi 20
novembre 1970 ouverture du festival par The Carpenters et La distribution
originale. Parmi les concurrents pour le prix se trouve Herbert Léonard pour la
France interprétant : Litanies pour un été (Ô dis Ô) (texte Anngregory, musique
Léo Missir). Nicoletta enregistra ce titre en 1969. Herbert Léonard se qualifie
pour la finale du surlendemain. Samedi 21
novembre 1970 deuxième journée ouverte en vedette par Gianni Nazzaro et
Barbara. Gianni Nazzaro, chanteur napolitain, interprète Lady Barbara (texte
Gaétano Savio, musique Giancarlo Bagazzi). Renato dei Prefeti créa ce titre
pour le film Lady Barbara sorti en 1970. Souvenez Gianni Nazzaro livra en
France un tube en 1975 avec Romanella (texte Didier Barbelivien et Jean Max
Rivière, musique Michel Cywie). Puis Barbara entre en scène pour trois titres :
Nantes, Le soleil noir et L'aigle noir. Parmi les candidats de ce jour, Frida
Boccara pour la France interprète L'amour est un jardin (texte Michel Jourdan,
musique Armand Canfora). Le jury sélectionne sa prestation pour la finale. Dimanche 22
novembre 1970, Jimmy Smith ouvre la finale. Hedva et David remportent le
concours avec Je rêve de Naomi pour Israël. Frida Boccara reçoit le prix de la
chanson exceptionnelle et le prix de la performance exceptionnelle. Dans la même
journée, après son passage le 21 novembre au festival, Barbara enchaine par un
second spectacle récital au Yurakucho
Yomiuri Hall. Deux kilomètres séparent les deux salles. La salle de spectacle
inaugurée en 1957 se trouve au septième étage d'un immeuble près de la gare
centrale. Michel Polnareff (1972), Julien Clerc (1974), Les compagnons de la
chanson (1979) chantent dans cette salle. Elle se produit dans cette vaste
salle en forme de fer à cheval pouvant accueillir 1 100 spectateurs. Ce 21
novembre la salle reçoit le concert inaugural de l'association "Chansons
et moi" sponsorisé par Yamaha et une radio nippone. Barbara interprète
seize titres : Nantes, Chapeau bas, Paris 15 aout, Si la photo est bonne, Dis
quand reviendras-tu ?, Ni belle ni bonne, Pierre, A mourir pour mourir, Le bel
âge, Au bois de saint Amand, Je ne sais pas dire, Gare de Lyon, Le soleil noir,
Plus rien, Mes hommes et Mon enfance. L'affiche du spectacle titre : La rose
noire de la scène, Barbara. A la suite de
son passage à Tokyo, la chanteuse Kyoko Moriyama inclut l'aigle noir en
japonais dans son tour de chant. Riviera et Philips commercialisent alors au
Japon les enregistrements respectifs de Raymond Lefèvre et Paul Mauriat et
leurs orchestres jouant ce titre. Barbara ne
reviendra que cinq ans plus tard au Japon pour cette fois une tournée
comprenant six dates. La chanteuse
et productrice Yoshiko Ishii (1922-2010) amoureuse des chansons françaises
organisa la venue au Japon de Joséphine Baker, Marcel Amont, Alain Barrière,
Enrico Macias..... Pour cette
première tournée japonaise Barbara sillonnera l'ile principale du Japon. Le productrice
Yoshiko Ishii l'accueille à l'aéroport Haneda de Tokyo. Benjamin Auger
(1942-2002) photographie Barbara dans les rues de Tokyo. Mercury sélectionne un
de ses clichés pour la couverture de l'intégrale de 2017. Certaines photos prises par Benjamin Auger au Japon se retrouvent à l'intérieur de la pochette du 33 tours Réimpression de 1977. Trois soirs
consécutifs elle chante au Yubin Chokin Hall de Tokyo, les 2, 3 et 4 juin
1975. Cette salle construite en 1971 permet de recevoir 1 582 spectateurs. Le lendemain
la scène du Festival Hall d'Osaka l'accueille. En 1958 se construit un immeuble
pour accueillir le premier Festival international à Osaka. La salle ferme en A Fukuoka, le
6 juin, elle chante au Denki Hall. Cette salle de spectacle ouvrit en
1952. De 1952 à 2009, Damia, Joséphine
Baker, Yvette Giraud, Jacqueline François, Charles Trénet, Salvatore Adamo,
Maxime Leforestier, Georges Moustaki, Bjork entre autres passent sur la scène
du Denki hall. Cette salle porte aussi les noms de Denki electric hall ou Denki
power hall. La salle ferme en mars 2009 pour une rénovation entière de
l'immeuble. Le 9 juin jour
de son anniversaire, elle chante à Tokyo au Bunkyo Public Hall. En 1959 s'ouvre
cette nouvelle d'une jauge de 2 008 places. L'immeuble démoli en 1977 laisse
place à un terrain vague. Dix sept ans plus tard se dressera en ce lieu un
gratte ciel contenant une salle de spectacles le Bunkyo Civic Hall de 1 802
places. Chaque soir
lors de cette tournée, Barbara chante : Chapeau bas, Rémusat, Amour magicien,
Quand ceux qui vont, Au bois de saint Amand, Ma maison, Marienbad, Les
insomnies, La louve, Perlimpinpin, Toi, Parce que, L'enfant laboureur, Le
soleil noir, Cet enfant là, Ma plus belle histoire d'amour, Gueule de nuit,
L'homme en habit rouge, Plus rien, Fragson, Pierre, Le mal de vivre, L'aigle noir et
Nantes. A ces titres tous interprétés à Bobino en début d'année s'ajoute Nantes. En 1977, la
société de production de Yoshiko Ishii fait faillite. Keiko Nakamura
crée la société de production Infini en 1982. Elle reprend le flambeau laissé
par madame Ishii. Elle fait venir au Japon, Juliette Gréco, Catherine Sauvage,
Anna Prucnal, Yves Duteil, Diana Dufresne. En ce tout
début d'année 1988, le Japon retrouve Barbara pour une tournée comprenant
quatre dates. Lors des spectacles elle reprend les titres chantés quelques mois
plus tôt au Châtelet. Entourée de Gérard Daguerre à la direction d'orchestre,
Marcel Azzola à l'accordéon, Michel Gaudry à la contrebasse et Jean-Louis
Hennequin aux synthétiseurs, Bertin Meynard au son, Etienne Fischer et Alain
Aboulker au retour son, Alex Parra aux lumières, Barbara arrive à l'aéroport de
Tokyo. Le 25 janvier,
premier soir à Tokyo à l'Hitomi Memorial Hall les organisateurs annulent le
concert. Barbara a perdu sa voix. Le
surlendemain, à Osaka au Festival Hall Barbara retrouve le public. En début de
la seconde partie du spectacle la voix de Barbara s'envole. Une partie des
spectateurs quitte la salle. D'autres restent et la soutiennent. Avec le
soutien du public elle poursuit le spectacle. La tournée
continue le 29 janvier à Tokyo au Hitomi Memorial Hall. Le Hitomi memorial Hall
construit en 1980 pour le soixantième anniversaire de l'école de l'université
des femmes de Showa contient 2 008 places. Le 30 janvier
elle retrouve à Tokyo le Yubin Chokin Hall. Ce dernier soir elle reçoit une
ovation du public. Deux ans
s'écoulent, Barbara revient au Japon pour cinq représentations. Accompagnée de Ses
Hommes, Ramid Rahmouni à la poursuite, Bertin Meynard au son, Georges Saïd et Etienne
Fischer au retour scène, Serge Duponchel responsable plateau, Béatrice de
Nouaillan assistante de scène, Gérard Daguerre à la direction d'orchestre,
Sergio Tomassi à l'accordéon et Mahut aux percussions elle arrive à Tokyo. Elle
reprendra les titres interprétés à Mogador en ajoutant Madame. Dans la salle
les titres traduits en japonais sont projetés sur écran. La tournée
organisée par Keiko Nakamura commence par trois soirs consécutifs à l'Hitomi
Memorial hall à Tokyo les 27, 28 et 29 septembre 1990. Deux ans plus tôt elle
s'était déjà produite en cette salle. Le 27 septembre elle déclare : "Il y
a deux ans quand je suis venue vous voir, je suis venue sans voix. Vous avez
été fantastiques, parce que vous êtes restez quand même." Le 1 octobre
elle retrouve le Festival Hall d'Osaka. Le lendemain elle chante à l'Arena de
Hamamatsu. Cette immense salle modulable inaugurée en 1990 peut recevoir
jusqu'à 8 000 spectateurs. L'Aréna abrite surtout des activités sportives
(championnat du monde de basket) Tous les disques de Barbara ou presque, Philips les commercialisa au Japon. Tous sauf Barbara singt Barbara en 1967, Lily Passion en 1986, Mogador en 1990, Chatelet 1993 et Barbara 1996. Philips modifie les pochettes de certains disques en y apportant une touche so frenchy. La pochette du double 33 tours à l'Olympia de 1978 montre une peinture représentant l'église St Pierre de Montmartre et le Sacré cœur en arrière plan. La pochette du tours à Bobino 1967 affiche la fontaine Saint Michel près de L'Ecluse. CBS
commercialisa le 33 tours paru en 1966, plusieurs compilations de Barbara
chante Brassens, Barbara chante Jacques Brel, Barbara à L'Ecluse et des premiers 45
tours de 1958 à 1963. Chiba Mitsuki,
en 2000, enregistre un disque de 15 titres de Barbara. Elle interprète chaque
titre en japonais. "Les
Japonais sont sensibles aux chansons françaises, Barbara est venue
plusieurs fois chanter au Japon. Nombre de ses titres sont populaires ici,
comme par exemple L'île aux mimosas, Gare de Lyon ou Ma plus belle histoire d'amour. Lorsque
je chante Dis quand reviendras-tu ? le
public m'accompagne systématiquement." déclara Chiba Mitsuki. Un immense merci à Mikiko et
Valérie pour leur si belle et précieuse aide.
Partez dans les pas de la French pop au Japon. Parcourez cette mine d'or.
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