Georges Brassens enregistra son
premier disque en 1952. Le succès arrive rapidement.
En 1960 seuls deux disques 33
tours entièrement consacrés à des reprises de chansons de Georges Brassens
existent.
- En 1954 paraît un 33 tours
chez Philips, Patachou chante Brassens. Patachou (1918-2015) reprend huit
titres : J’ai rendez-vous avec vous, Les amoureux des bancs publics, Brave
Margot, La prière, Maman papa, La légende de la nonne, Le bricoleur, La chasse
aux papillons, accompagnée par l’orchestre de Léo Clarens (1923-2011)
- En 1958 paraît un 33 tours
chez Decca, Mary Marquet vous dit les chansons de Brassens. La comédienne Mary Marquet
(1895-1979) dit : Les lilas, Le parapluie, La chasse aux papillons, Il
suffit de passer le pont, Les amoureux des bancs publics, L’amandier, Brave
Margot, Chanson pour l’auvergnat, Oncle Archibald, La marche nuptiale et Le
testament.
Deux 45 tours de quatre titres
consacrés à des reprises de chansons de Georges
Brassens existent en 1960.
- En 1958 paraît un 45 tours
chez RGM, Léo Nöel chante Brassens, chansons insolites. Léo Noël (1914-1966) co
patron fondateur de L’Ecluse reprend quatre titres : Grand-père,
Marinette, Les lilas, Le vin, accompagné par l’orchestre de Jean Claudric. Au
dos de la pochette l'écriture manuscrite de Georges Brassens raconte : "Je
suis ravi mon cher Léo Noël d'écouter mes chansons par une autre voix que la
mienne. Ca me dépayse, ça me repose et ça me plait bien. Georges"
- En 1959 paraît un 45 tours
chez Symphonium, Michel Frenc chante les succès de G. Brassens. Michel Frenc
(1930-2012) reprend quatre titres contient : La chasse aux papillons,
Chanson pour l’auvergnat, La légende de la nonne et J’ai rendez-vous avec vous
accompagné par l’orchestre de Yves Dunot
Le
disque porte le titre : " Barbara chante Brassens".
Ce disque sort fin septembre 1960 chez Odéon n°1260 M, 33 tours, 25
cm. Le disque fut réédité par CBS n° 1260.
Le disque fut enregistré le 19 septembre 1960 en monophonie.
Les titres composant ce disque se retrouvent dans le C.D. n° 2 de l'intégrale de 1992 (n° 510
899 Philips), plages n° 1 à 8.
La photo de la pochette provient de la même série que celle de : Barbara
chante Jacques Brel et BARBARA.
Jalix (1925-1999) signe la photo de la pochette.
Thierry Leroy signe la direction artistique
Barbara s'accompagne au piano, avec Elek Bacsik (1926-1993) à la guitare et Freddy
Balta (1919-2002) à l'accordéon, René dit Didi Duprat (1926-1996) à la guitare, Marcel Azzola (1927-2019) à
l'accordéon, Pascal Groffe (1925-2020) à la basse.
Ce disque comporte huit titres.
Face A :
- La marche nuptiale (2'45), paroles et musique de Georges Brassens, éditions
musicales 57. L'enregistrement original par Georges Brassens parut en septembre 1957.
- Le père Noël et la petite fille (2'34), paroles et musique de Georges
Brassens, éditions musicales 57. L'enregistrement original par Georges Brassens parut en mars 1960.
- Pauvre Martin (2'52), paroles et musique de Georges Brassens, éditions
Intersong. L'enregistrement original par Georges Brassens parut en novembre 1953.
- La légende de la nonne (2'35), paroles de Victor Hugo, musique de
Georges Brassens, éditions Intersong. L'enregistrement original par Georges Brassens parut en mars 1956.
Face B :
- Oncle Archibald (2'16), paroles et musique de Georges Brassens, éditions
musicales 57. L'enregistrement original par Georges Brassens parut en septembre 1957.
- Pénélope (3'21), paroles et musique de Georges Brassens, éditions
musicales 57. L'enregistrement original par Georges Brassens parut en mars 1960.
- Il n'y a pas d'amour heureux (2'08), paroles Louis Aragon, musique de
Georges Brassens, éditions Tutti. L'enregistrement original par Georges Brassens parut en novembre 1953.
- La femme d'Hector (2'37), paroles et musique de Georges Brassens, éditions
musicales 57. L'enregistrement original par Georges Brassens parut en novembre 1958.
Le disque obtint le grand prix du disque
1960, Prix Francis Carco
décerné par l'Académie Charles Cros.
Au dos de la pochette figurent
plusieurs extraits d'articles de presse parus et consacrés à Barbara : 
Il
y a enfin la découverte de l'Ecluse : Barbara. Cette jeune femme est un
"animal de la chanson" comme Gabin est une "bète de cinèma".
...Barbara abordant la rive droite, droite et fière et toute de noir
vêtue diabolique d'intelligence lorsque son oeil se relève, son nez se
courbe sur son piano. C'est Satan qui se fait charme. Grande artiste
qui devrait déjà atteindre la vedette si elle n'était trop fière pour
satisfaire "la mafia" (comme dit Léo Ferré)
(Aux Ecoutes)
... Je vous vois venir : "Souviens-toi Barbara..." Non, la mienne n'a
rien à faire à Brest et tu ne peux t'en souvenir, ami lecteur, car elle
est neuve, à tout le moins pour la chanson. Imagine-la plutôt ; un
corps un tantinet demesuré de débardeur moulé comme faire se peut dans
un pantalon accueillant et une sorte de marinière noire livrant passage
à deux paluches façon battoir qui giflent le clavier sans autre forme
de procès. Mais sous le cheveu ras d'une Zizi Jeanmaire récemment
libérée du bagne, le plus expressif visage qui soit troué d'un regard
brillant et qui s'amuse de nous comme d'elle-même avec l'air de nous
dire: "Alors, bandes de cloches ! Je suis comme je suis et chante ce
qui me plait, pour votre standing, il vaudrait mieux faire semblant de
comprendre. Comme je suis bonne fille, malgré mes airs de
grande-duchesse de bobinard, on commencera par du Jacques Brel, c'est
plus facile...
Le maître des lieux, Léo Noël, m'assure que Maurice Chevalier est
emballé par Barbara qu'il a entendu l'autre soir à l'Ecluse.
Allons ! Dès qu'il pose plume, Prosper reconnaît le bon turbin.
Henry Magnan (Le Canard Enchaîné)
... Barbara a du brio, de la sensibilité. Rien de la gaucherie d'une
débutante, elle a certainement beaucoup travaillé déjà. Mais au
contraire, de l'aisance à revendre, et une personnalité certaine, un
peu étrange aussi, ce qui ne gâte rien. Barbara, de toute évidence,
n'est pas la personne à se laisser abattre par la difficulté de
parvenir, et je m'attends bien, tout de même, à la voir paraître sur la
scène d'un de ces music-halls qui consacre les nouveaux venus. Elle le
mérite pleinement...
Christian Megret (Le Figaro Litteraire)
... Notez que ce soir-là, je n'étais pas le moins du monde enclin à
l'émotion artistique. D'un piano venaient de monter des volutes légères
d'une ritournelle. Une voix de femme, une voix intelligente, chaude,
discrète, aux demi-teintes caressantes, sans mièvrerie, chantonnait les
rimes pauvres, naïves, d'une sorte de courrier du coeur romantique,
qu'elle faisait déchirant : Viens, quand la lune éclaire Toutes les
primevères...
Et le choc fut là !...
Il m'a fallu attendre la fin de l'émission pour apprendre que la
chanson est intitulée Souvenance, (on n'a pas cru devoir en nommer les
auteurs...), et que la chanteuse s'appelle Barbara.
Je n'ai pas la prétention de découvrir Barbara...
Mais pour vous faire comprendre à quel point j'aime sa façon de chanter
Souvenance, sachez que, chaque jour, je m'en ressers une giclée, malgré
les taches de son d'un crépitant orage, qui poivraient facheusement
l'émission et qu'a fidèlement reproduites mon trop perfectionné salaud
de magnétophone.
Clément Ledoux (Le Canard enchaîné)
... Barbara, fille audacieuse qui de défend avec les moyens du bord.
Quelle présence, Messieurs ! Et cette voix torturée qui rappelle
Marionne Oswald, Florelle ou Margo Lion. J'aime beaucoup. On la
croirait échappée d'une photo de réunion à la Centrale Surréaliste en
1925. Et elle vous regarde avec des yeux de déesse cambodgienne...
Léo Souris (Télé-Magazine)
... Cette jeune femme quasi démesurée (à la manière du Balafré; la
voici presque plus grande assise que debout), constitue à elle seule un
numéro exceptionnel ; coiffée à la Marlon Zizi, vêtue d'un ample
sweater échancré de façon Deibler, noir comme son pantalon de matelot,
la mimique tour à tour souveraienement arrogante ou malicieusement
mystérieuse, Barbara prend aussitôt possession de ses auditeurs médusés
par tant d'autorité radiante. Elle plaque de mains grandes et belles, d'un inquiétant
empan, les premiers accords de ses chansons puis la voix s'élève souple
chaude et surtout prenante par l'intelligence de la diction et de
l'expression aussi. Nous marchons de surprise en surprise, découvrant
un charme nouveau a des couplets qui nous retinrent moins chantés par
d'autres qu'elle : applaudissons de la sorte des compositions de
Jacques Brel de Pau Braffort ou de Marcel Cuvelier avant d'en venir à
certaines créations personnelles (mais oui elle compose aussi et ...
très gentiment, ma foi) et surtout à d'adorables vieux refrains qui
enchantèrent nos pères et firent fureur sur l'impériale du Madeleine
Bastille stationné à la hauteur du concert Pacra. Impossible à ceux qui
l'auront applaudie - tout gosse, je l'ai entendue - de ne pas évoquer
le talent percutant, fouillé, désarticulant les syllabes d'Yvette
Guilbert lorsque Barbara ressuscite pour nous les trouvailles si gaies,
si lestes, si vivement allègres et spirituelles d'un Xanrof ou d'un
Fragson...
Henry Magnon (Combat)
... Sur la petite scène de l'Ecluse, une forme élancée entre sous la
lumière des projecteurs. Voilà Barbara ! Elle me semblait comme un
"triste oiseau de nuit" qui serait - malgré le sourire habitué au
public - perché avec une patte dans le monde et avec l'autre.., je ne
sais où. Et pourtant nulle indécision. Il émane d'elle une impression
de défi et de fierté lorsque, drapée de noir elle s'assied au piano et
se met à chanter. Ses yeux orientaux sous sa coiffure de garçon ont
toujours un pétillement moqueur et se rient de ceux qui l'admirent.
Sans parler du sourire avec lequel avec lequel Barbara à la fois aime
et craint le monde. L'une des chansons qu'elle a composées ne
commence-t-elle pas de façon significative : J'ai tué l'amour parce que
j'avais peur qu'il me tue...
Sibylle Penkert (Prisma Göttingen et Hanovre)
...
Barbara a mieux qu'une forte personnalité, mais ce qui ne s'explique
pas : l'art d'éclairer un texte et de l'enchåsser dans une phrase
musicale. Qu'elle chante Georges Brassens, Jacques Brel ou ses propres
chansons, il y a chez cette étrange fille un pouvoir fascinant, d'être
"plus vraie que le vrai" comme dit Jean Cocteau, et surtout celui de ne
ressembler à personne...
Pierre Hiegel Barbara,
étrange chanteuse au visage anguleux évoquant les mimes du Boulevard du
Crime, qui interprète avec une rare intelligence un répertoire étendu,
de Fragson à Léo Ferré. Avec sa silhouette d'oiseau nocturne, ses yeux
à la chinoise, sa voix et ses chansons, Barbara ne tardera pas à
étonner Paris.
Texte et dessin de Serge
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