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tours, 1960 |
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En février 1954, Jacques Brel présente son premier disque enregistré comprenant neuf titres. En 1961, seul un disque 45 tours chez Fontana reprenant des chansons de Jacques Brel existe : Simone Langlois chante Jacques Brel. Ce disque comprend quatre titres : Il nous faut regarder, Sur la place, Heureux et Je ne sais pas. L'orchestre de François Rauber l'accompagne. Dès 1954 en Belgique, Barbara choisit une chanson de Jacques Brel pour l'interpréter sur scène : Sur la place. L'enregistrement de la répétition de la soirée du 1 octobre 1954 donnée à l'Atelier de Marcel Hastir à Bruxelles en témoigne.
Ce
disque porte le titre : "Barbara chante Jacques Brel".
Barbara s'accompagne au piano, avec Elek Bacsik (1926-1993) à la guitare et Freddy
Balta (1919-2002) à l'accordéon, René dit Didi Duprat (1926-1996) à la guitare, Marcel Azzola (1927-2019) à
l'accordéon, Pascal Groffe (1925-2020) à la basse. Au dos de la pochette figurent plusieurs extraits d'articles de presse parus et consacrés à Barbara : Barbara
– tout juste un prénom – est une étrange personne. Elle est
grande, sombre, elle s’habille de noir Barbara
– Un prénom qui fait tout de suite penser à Prévert et à la
grisaille de Brest. Pourtant Barbara est née à Paris, ses parents
sont russes et elle a fait ses premières armes dans le monde du
spectacle à Bruxelles, où elle dirigeait le cabaret du Cheval
blanc. Revenue à Paris, elle fit quelques fugitives apparitions
comme plongeuse puis comme chanteuse dans divers cabarets de la rive
gauche avant de disparaître subitement. Personne ne savait ce
qu’elle était devenue, hormis quelques amis à qui elle affirmait
jamais plus elle ne chanterait. Mais dans la solitude de sa chambre
d’hôtel elle travaillait nuit et jour, à écrire des chansons. Elle
s’appelle Barbara. Je l’ai entendue au début de l’année à
L’Écluse. C’est bon signe. Tous les artistes qui sont passés
par le cabaret de Léo Noël sont devenus des vedettes. Étrange
fille qui quand elle ironise a des airs du mime Marceau, mais qui
soudain devient très belle et émouvante quand elle voyage en pleine
poésie. Barbara
reste toujours pleine de talent, d’humour et de tendresse. Barbara
– une grande fille belle et racée qui traîne la poésie dans son
sillage. On peut lui trouver, quand elle détaille des couplets
humoristiques une ressemblance avec le mime Marceau. Mais que cette
comparaison ne vous égare pas : Barbara n’est pas un clown et
sait déployer un étrange pouvoir dans le pathétique. Nous
avions été nombreux attirés à L’Écluse par le renom qu'est en
train de se faire une inconnue du nom de Barbara. Mais celle qui
porte le nom d'un poème de Prévert popularisé par Yves Montand
impose d'emblée un physique insolite. Ses premiers gestes, brusques
nerveux, l'acuité de son regard qui illumine un visage qu'on
pourrait dire stylisé trahissent un tempérament aussi mystérieux
qu'autoritaire. Dès qu'elle se met au piano et qu'elle chante
toujours très animée, Barbara révèle un métier accompli. Bien
que son tour de chant soit, dans toute l'étendue de sa variété,
ouvrage avec goût et intelligence... moins les chansons que
l’interprétation qui en font l'originalité. Elle confère au
moindre refrain un ton particulier dont les caractéristiques sont
la précision dans le débit et le rythme d’ensemble. Barbara
possède la meilleure diction qu'on ait entendue depuis Yvette
Guilbert. Chaque mot dans sa bouche se charge de la résonance
profonde : elle semble chanter à la fois avec son intelligence et
son cœur. Il y a tellement de chance – et parfois de copinage –
dans le succès d’une vedette qu’on ne sait pas si encore Barbara
deviendra très célèbre. Du moins, soyons de ceux qui savent qu’on
peut l’entendre à L’Écluse ou écouter ses disques. A
L’Écluse il y a l’étrange Barbara qui offre sa silhouette
androgyne et prodigue au fil des nuits son talent désinvolte. Elle
ne touche pas le piano mais l’effleure comme son répertoire
effleure la vie. Quelle douleur secrète habite cette femme ? La
piquante et curieuse Barbara qui s’accompagne au piano est la
vedette maison de taille assurément à en tenir l’emploi. Elle est
directe, enjouée et sachant au contraire conserver toujours son
style.
Au
Cabaret du soir de Micheline Sandrel et Colette Mars nous avons pu
voir samedi soir quelques numéros sortant de l’ordinaire. |
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