BARBARA au Québec, mars 1988

Presque jour pour jour, treize ans plus tard, Barbara retrouve le Québec et ses théâtres.

Le 14 mars 1988, Barbara arrive par avion avec son équipe à l’aéroport de Mirabel à Montréal. A Montréal, ils s’installent à l’Hôtel du parc (3625 avenue du Parc). Pour cette tournée, Gérard Daguerre, Michel Gaudry, Marcel Azzola et Jean Louis Hennequin l’accompagneront sur scène comme au Châtelet quelques mois plus tôt. Son répertoire reprendra les titres chantés au Châtelet.

Le lendemain, Radio Canada organise pour Barbara une conférence de presse à partir de 18 heures à l’hôtel du Parc. En 1967, la première tournée au Québec de Barbara débutait aussi par une conférence de presse. Barbara d’humeur joyeuse entame une conversation à bâtons rompus avec les journalistes. L’humour de Barbara rend les échanges légers tout en répondant clairement aux questions posées. [vidéo d'une partie de la conférence de presse]

"Il faut essayer de revenir neuf, vierge, rechargée, pour vivre cette peur, cet amour du spectacle et du public. Pour ne pas abîmer cette passion il faut se priver. Et de revenir après tant d’années me donne l’impression de vivre une chose neuve… Il faut toujours quelqu’un en colère. Pas au petit déjeuner tout de même… Je veux dire qu’il faut être vigilant et savoir dire non… Ne jamais laisser les autres décider de son temps… J’ai pas à parler, mon affaire c’est la chanson… J’écris sur une émotion, des choses qui me sont arrivées. Je n’ai aucune imagination… Ce qui m’intéresse c’est la vie, c’est les autres… On ne peut pas ne pas être écorché par toutes les choses surtout si on écrit ses chansons… Chacun peut faire sa mode… J’ai pas envie de m’habiller dans une choses où je ne suis pas bien... J’ai toujours fait ce métier comme je l’aimais comme j’aime le faire. Et ce qui est fantastique c’est que c’est le public qui a tracé ce chemin que j’ai essayé de suivre… Le jour où on perd le désir c’est fini… "

Le lendemain la presse québécoise consacre plusieurs articles relatant cette conférence de presse.

Trois soirs de suite à 20 h 30, les jeudi 17, vendredi 18 et samedi 19 mars, Barbara s’installera sur la scène de la salle Wilfrid Pelletier à La Place des Arts.

Dès le 12 mars la presse annonçait qu’il ne reste aucun place disponible pour le 17 mars, il reste 150 places pour le 18 mars. Donc la réservation pour une nouvelle soirée s’ouvre pour le 19 mars.

La Place des Arts comprend actuellement cinq salles de spectacles. En 1961 débutent les travaux de construction de la plus grande salle de la Place des Arts. Deux ans plus tard, la Grande Salle recevant 2 982 places ouvre ses portes au public. Depuis les plus grands noms de la chanson passèrent en ce lieu : Maria Callas, Charles Aznavour, Dalida, Nana Mouskouri, Mireille Mathieu, Joe Dassin, Gilbert Bécaud, Serge Reggiani, Michel Fugain, Savatore Adamo, Robert Charlebois, Nina Simone, Michel Sardou…. En 1966, la Grande salle devient la salle Wilfrid Pelletier (1896-1982, pianiste et chef d’orchestre).

Au lendemain des soirées à La Place des Arts la presse de Montréal réagit :

La Presse : "Barbara a su combler son public, et laissera à des milliers d’admirateurs québécois un inoubliable souvenir."

Le journal de Montréal : "Barbara a fait rejaillir les souvenirs, sa présence a été comme un hommage au temps qui passe. Les applaudissements ont retenti longuement pour la remercier de cette bienfaisante rencontre."

La radio CFB Bonjour : "Généreux, fougueux, un magnifique spectacle."

La radio CKAC : "L’évènement de l’année."

Lors de sa précédente venue en 1975, Le Théâtre Maisonneuve aussi au cœur de La Place des Arts reçut Barbara.

Trois jours plus tard, Mardi 22 mars après un trajet de 160 kilomètres plus à l’ouest , Barbara et ses musiciens découvrent le Southam Hall d’Ottawa du Centre National des Arts.

Le soir à 20 h 30 commence le spectacle devant une salle comble.

Cette grande salle d’une jauge de 2 065 places accueille le public et les spectacles depuis 1969 au sein du Centre National des arts. Le Centre National des Arts comprend quatre salles : Southmam Hall, le Théâtre Babs Asper (897 place), le Studio Azrieli (307 places) et une quatrième salle de 152 places. Pour les 150 ans du Canada en 2017, une rénovation du Centre National des arts commence. Le Southam Hall accueillit entre autres : Nana Mouskouri, Gilbert Bécaud, Céline Dion, Robert Charlebois, Prince, Marlène Dietrich….

Le lendemain direction plus de 400 kilomètres au nord pour deux jours pour arriver à Québec.

Mercredi 23, jeudi 24 mars, la salle Louis Fréchette du Grand théâtre met à l’affiche Barbara.

Barbara retrouve ce Théâtre où treize ans plus tôt elle vint pour le seconde fois après 1973.

Le lendemain le journal Québec, Le soleil relate la soirée : "En effet la richesse de sa présence tient à la fois du théâtre classique et de l’audace, avec une gestuelle moulée comme un gant sur le souffle si caractéristique de l’interprète, et cela dans une mise en scène d’une très grande précision."

Durant tout son séjour au Québec, Louise Colette chargée de production accompagne Barbara. Dans une émission de Radio Canada diffusée en 2000, Louise Colette raconte ses jours passés auprès de Barbara.

Les jours sans spectacle, au cours de ses nuits sans sommeil elle appelle Louise Colette lui demandant à quelle heure ouvrent les magasins du centre-ville. Et elle fixe rendez-vous à Louise Colette à 7 h 30 dans le hall de l’hôtel. En attendant 10 h, l’heure d’ouverture des commerces, à bord de sa voiture, elle fait visiter la ville à Barbara avec ses lieux tels que Outremont, La Montagne. Barbara lui demande de passer devant la maison de Luc Plamondon. Puis dès 10 heures, Barbara se lance dans une frénésie d’achats de montres, du rouge à lèvres, de babioles, de cadeaux, de souvenirs,de "bébelles"... pour les enfants de Précy.

Au cours de leurs journées, Barbara parlait de sa maison de son village Précy, de sa sœur, de son agent Charley Marouani.

Un jour, elles passent devant une brasserie. Barbara curieuse de tout, demande à connaître ce lieu. Louise Colette fait découvrir à Barbara les Rôtisseries saint Hubert, institution montréalaise. Et Barbara trouve le poulet fabuleux, elle en raffole.

Les jours de spectacle, Barbara s’installe dans son rocking chair sur la scène du théâtre vers 9h du matin. Elle assiste au montage de la scène. Elle ne dit, elle regarde. Elle ne parle à personne et personne ne lui parle. Pour le spectacle du soir elle entre dans un monde silence, elle entre en elle-même.

Puis pendant le spectacle le silence se posait dans la salle. Une magie enveloppait les lieux.

Parlant de Barbara Louise Colette dit : "C’est une femme qu’on ne peut pas aimer… Dans la vie, elle était folle..."

Puis Barbara et ses hommes repartent depuis l’aéroport Mirabel vers Paris par un vol Air France.

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