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2 rue de Verdun |
En 1973 des amis de Barbara découvrent une maison à vendre à Précy sur
Marne, à 30 kilomètres à l'est de Paris. Le propriétaire, un décorateur
désire s'en séparer. Aussitôt, ils pensent que cette bâtisse lui
plairait. Durant l'été elle s'installe dans sa nouvelle résidence, dans une maison en travaux.
Les murs des bâtiments couverts de glycines enserrent un jardin. Un porche fermé d'une lourde porte de bois donnant sur la rue de Verdun isole ce jardin. Sur les trottoirs poussent des roses trémières. Les volets donnant sur les deux rues resteront obstinément fermés. Les pièces toutes tournées vers le jardin intérieur profitent du calme de ce carré de nature. Les ouvertures du salon couleur or, au rez-de-chaussée donnent sur ce havre de paix. Dans cette enfilade de pièces trônent plusieurs majestueuses cheminées de pierres. A coté se trouve la cuisine. En étage d'une autre aile Barbara installe sa chambre. C'est une pièce sombre. Dans la pièce jouxtant la chambre se trouvent un rocking chair, un piano, son premier piano. Là elle écrit, réfléchit. Dans chaque pièce une lampe rouge éclairée sert de veilleuse. En ce cadre elle vit. Elle passe ses nuits d'insomnies à écrire, composer, tricoter, écouter la radio, regarder la télévision aussi.
La grange transformée en théâtre deviendra sa Grange au loup. Elle y installe une scène, un piano noir, le matériel de répétition, les haut-parleurs, les magnétophones et son rocking. Dans cette Grande au loup elle répète chaque spectacle avec la complicité de ses musiciens. A l'étage sont entreposées les malles de voyage pour les tournées. Depuis Saint Marcellin en 1944, jamais elle n'eut un jardin à elle. La pièce centrale de Précy sera le jardin. Dans ce bout de terre elle installe un banc. Elle plante un bouleau, des roses, des pivoines. Elle découvre la joie de jardiner, le plaisir de voir pousser une graine semée. Ses chiens et chats y courent à leur aise. Sous la tonnelle aux grosses poutres elle pose un salon de jardin. Entourée
des épais murs de pierre elle va vivre enfermée au calme. Elle sortira rarement dans les rues du village. De temps
en temps le long du canal elle fera quelques pas, ou se rendra à la buvette
sur les bords de la Marne. Tous les Noël elle offrira des
cadeaux aux enfants du village. Les dernières années elle faisait
livrer des friandises à l'occasion d'Halloween aux écoliers. Pour les
repas du troisième âge elle offre des présents aux personnes âgées.
Avec l'accord du maire, des corbeilles emplies de préservatifs seront
mises à la disposition des jeunes. De temps en temps elle est en
contact avec le maire, Yves Duteil. Bien que ne partageant pas les idées
politiques du maire, elle tient à participer toujours discrètement à
la vie du village. |
Extrait de Précy, texte de Barbara
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