Franz

Franz

(1971)

Franz


Après des années de chanson, des débuts de comédien, pour la première fois Jacques Brel écrit, réalise et joue dans son film. Avec Paul Andréota, il signe dialogues et scénario.

Franz sort dans les salles le mercredi 2 février 1972. Ce jour-là, trois salles parisiennes proposent en exclusivité le film : Georges V, Marivaux et Publicis Saint-Germain.

Jacques Brel et son complice François Rauber composent la musique. François Rauber dirige l'orchestre.

Dans la bande musicale du film Jacques Brel grand amateur de Richard Wagner introduit le prélude de l'acte I de Lohengrin. Il opte pour la version enregistrée par l'orchestre du théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles sous la direction de André Vandernoot.
Liesbeth List interprète au générique Da Rodelozen (Les désespérés). Deux ans plus tôt elle enregistra un 33 tours Liesbeth List singt Jacques Brel. Elle reprend en flamand onze chansons de Jacques Brel traduites par Ernst van Aletena.

Un limonaire de chez Hooghuis de Bruges accompagne en musique plusieurs scènes.

Liesbeth List singt Jacques Brel
Orgue Hooghuis

Peu de temps avant la sortie du film dans les salles de cinéma, le film demeure sans titre. Finalement Franz s'impose après avoir envisagé Les Moules ou Léonie.

Le réalisateur campe le rôle de Léon. Deux femmes très différentes l’une de l’autre accompagnent Léon : Barbara pour Léonie, Danièle Evenou pour Catherine.

Au générique figurent aussi :
- Fernand Fabre dans le rôle de Antoine Delrue de la perception principale de Folerville,
- Serge Sauvion dans celui de Serge
- François Cadet dans celui de Jules des Indirects
- Louis Navarre dans celui de Armand des Eaux et fôrets
- Ceel dans celui de Pascal des polyvalents
- Jacques Provins dans celui de monsieur Grosjean, gérant de la pension du soleil
- Catherine Bady dans celui de madame Grosjean épouse de monsieur Grosjean,
- Luc Poret dans celui de Henri
- Edouard Caillau dans celui du maître d'hôtel
- Roger Darton dans celui de l'amant de la mère
- Simone Max dans celui de la mère de Léon
- André Gevrey dans celui du cocher
- Georges Pasquier
son ami pour lequel il écrit Jojo
- Hilda Van Roose
- Franz Jacobs celui d'un coqueleur, son ami qui tenait un bar à Knokke le Zoute près du Casino

Franz se déroule en grande partie à la pension du soleil agréée par le ministère des finances de la zone nord, réservée aux fonctionnaires convalescents. L'établissement se situe à Wenduine station balnéaire belge en bordure de la mer du Nord.

Les pensionnaires, tous des hommes fonctionnaires, se reposent entre les promenades sur le bord de mer et la vie quotidienne. Chacun  demeure enfermé dans son petit univers.

Léon en convalescence pour une blessure de guerre à la jambe envoie chaque jour un pigeon voyageur porteur d’un message pour sa mère (assez possessive…)

Arrivent un jour Catherine (la blonde) et Léonie (la brune). Le règlement stipule pourtant que les femmes ne sont pas admises dans cette pension.

Les personnalités des deux filles s'opposent. Catherine, une jeune femme délurée contraste avec Léonie, une femme plus âgée, plus introvertie.

Les journées s'écoulent en groupe autour d'occupations diverses : la pêche à la crevette, le char à voile, le bal, la pèche en mer, les combats de coqs, les visites de monuments, le restaurant, les sorties à vélo.…

Les autres pensionnaires tournent autour de Catherine. Son charme ne les laisse pas insensibles... Elle joue volontiers de ses charmes pour attirer leur attention.

Léon lui ne voit que Léonie. Tous deux deviennent de plus en plus proches. Il lui raconte sa guerre comme mercenaire au Katanga.

Tout le monde s'amuse de la maladresse gauche de Léon face à la vie, face à Léonie. Il n'ose pas lui parler pour lui avouer son amour.

Les pensionnaires, tels des collégiens, des potaches, s’amusent de Léon. Ils rient de leurs propres malices.

La mère de Léon arrive et trouble la relation fragile et naissante entre Léon et Léonie. Léon devant sa mère s’efface, triste, désemparé.

Finalement Léon décide de partir, prendre le large pour se perdre en mer... Après avoir libéré ses pigeons il s’enfonce dans la mer du Nord. Il ne sait pas nager...

Léonie retrouve sur un quai de gare sa famille: son mari et sa fille Catherine, son quotidien...


Le tournage du film se déroule courant mai et juin 1971 dans les stations balnéaires de la Belgique flamande sur la mer du nord et dans la campagne alentours. Blankenberge, Le Coq, Wenduine accueillent les caméras et les comédiens.

En ces lieux, Jacques Brel retrouve les lieux de son enfance, des vacances au bord de mer en famille.

Le bâtiment abritant la pension du soleil se trouve au 5 du quai du comte Jean à Wenduine. Cette maison à colombages et briques se dresse à côté de l’hôtel du commerce, à l’arrière de l’arrêt de tram Wenduine centre (de nos jours la station de tram abrite l'office de tourisme).

Quai du comte Jean
Quai du comte Jean
Quai du comte Jean en  1950
et en2010


Jacques Brel tourne les scènes en extérieur dans les décors naturels. Pour les scènes en intérieur, le réalisateur pose les caméras et les décors dans la salle des fêtes du préventorium de Le Coq en bord de mer. A l’entrée de Le Coq en venant d’Ostende depuis 1923 s’élèvent les bâtiments du préventorium au 5 avenue Royale. Cet établissement reçoit alors jusqu’à cinq cents enfants soufrant d’affections respiratoires. Un tunnel creusé sous les dunes permet de rejoindre la plage.

Péventorium

Prévéntorium

Jacques Brel ne choisit pas par hasard ce préventorium pour tourner Franz. Depuis quelques années un lien affectif se noue entre le chanteur et le préventorium. Au cours des années 60, l’établissement rouvre ses portes aux enfants après la période de la seconde guerre mondiale. Pour subvenir à ses besoins d’équipements la direction de l’établissement fait appel à la générosité collective. Annie Cordy, la première, par des spectacles donnés aide le préventorium. D’autres artistes et musiciens suivront : Enrico Macias, Adamo, Franck Pourcel, François Glorieux, Gilbert Bécaud et Jacques Brel. L’école prendra le nom de Franck Pourcel et la piscine d’eau de mer celui de Gilbert Bécaud. En 1965 par les fonds réunis la direction érige une salle des fêtes Le Triton sur la façade face à la mer. Jacques Brel pour sa dernière tournée donne un spectacle le 15 novembre 1967 au Palais des Beaux-arts à Bruxelles au profit du préventorium.

Le Triton, la vaste salle des fêtes ouverte en 1965, durant deux mois, devient le plateau de tournage de Franz. Entre deux prises pour se détendre, Jacques Brel joue au foot avec les enfants. Le soir venu, les jeunes pensionnaires traînent dans la salle des fêtes pour chiper des bouts de bandes, des photos…

Pour les scènes tournées en extérieur, en bord de mer, Jacques Brel opte pour trois jetées : Blankenberg, Nieuport sur l’Yser et celle du port de Blankenberg.

Une scène du film, Léon revit sa guerre au Katanga en compagnie de Léonie dans un bunker. Près du préventorium de Le Coq sur la plage, témoins du passé subsistent encore des bunkers, lieux fabuleux pour les jeux des enfants. Durant la seconde guerre mondiale le lieu devient une base militaire où les soldats de la marine allemande s’initient au maniement des radars. Dans un de ses cubes de béton il tourne le passage où il raconte à Léonie sa guerre en Afrique avec Franz.

Une promenade à vélo des plus jeunes des pensionnaires les conduit le long du canal d’Ostende à Bruges dans l’arrière-pays. Léon et Léonie passent sur le pont mobile de bois de Stalhillebrug. A la fin des années 70, un bateau lors d’une manœuvre endommage le pont de bois. Désormais un pont reconstruit remplace l’ancien.

Pont ancien
Pont neuf
Ancien pont de Stalhillebrug
Nouveau pont de Stalhillebrug

45 tours FranzBarclay édite pour la vente dans le commerce en 1972 un 45 tours reprenant la bande instrumentale du film.
Le disque comprend sur une face la version jouée au limonaire (2'16) sur l'autre la version orchestrale (3'59).

En 1981 Barbara le programme des spectacles à Pantin intègre une photo tirée du film. A vélo de Léon et Léonie se promènent le long du canal d’Ostende à Bruges.

Dans le programme du Châtelet en 1987 se retrouve l'affiche du film.

Pour les spectacles au Châtelet en 1987, à Mogador en 1990 et au Châtelet en 1993 la valse Franz figurera au répertoire des titres.

Le programme des spectacles à Mogador  et celui de la tournée qui suivit en 1990 contient le texte intégral de Gauguin dédié à Jacques Brel.

Le critique du Monde du 8 février 1972 écrit : "Heureusement, Brel est là, avec sa force, sa conviction, ses secrets. Le talent ne se partage pas. Et celui de Brel résiste aux faiblesses du film. "

Le public ne suit pas… Le film reçoit simplement un succès d’estime. Les temps morts trop nombreux cassent le rythme.

Ce film ne rencontre pas la foule dans les salles avec 393 000 entrées dont 95 000 à Paris.

En septembre 2008 Universal et les Éditions Jacques Brel proposent un coffret de deux DVD contenant Franz et Le Farwest.

Franz représenta la Belgique au festival de Cannes en mai 1972.



Qui fait quoi :

- Édouard Molinaro : conseiller technique.
- Alain Levent est le directeur de la photo assisté de Armand Marco et Christian Garnier.
- Roger Delattre est le chef électricien. Michel de Tollenaere et Franz Huybrechts l'assistent.
- La scripte : Sylvette Baudrot.
- Antoine Carette est le régisseur général
avec pour adjoint Johan Bohez.
- La maquilleuse : Ulli Ullrich.
- Le photographe : Paul Michelangéli.
- L'attaché de presse : Raymond Errera.
- Louis Girons : l'accessoiriste.
- Le chef machiniste : Robert Atelian
- Odette Brossard : l'habilleuse
- Danièle Evenou est habillée par L'Atelier à Paris.
- Le décorateur : Jean Marlier.
- René Longuet est l'ingénieur du son assisté de Maurice Dagonneau.
- La chef monteuse est Jacqueline Thiedot assistée de Marie Thérèse Pernet et de Denise Winderwogel.
- Les administrateurs : Bernard Artigues et Alain C. Guillaume, André et Henri Weis.
- Les images : René Longuet et Maurice Gilbert.

Michel Ardan pour les éditions Beaux rivages à Paris et Cinevog et Élan à Bruxelles produit Franz. Le film dure 105 minutes en couleurs.


Revue jef de la Fondation Brel, 2005

La revue trimestrielle de la fondation Brel "jef" consacre son numéro 110 de novembre et décembre 2005 au film Franz.
Ce numéro contient des extraits d'interviews dont : Barbara au journal télévisé le 20 juillet 1971, Jacques Brel à la RTBF le 15 octobre 1971 dans Neuf millions neuf, Jacques Brel et Barbara dans Le grand Echiquier du 2 février 1972.
S'ajoutent des extraits de textes de séquences du film et des articles de presse dont :
- Paris Jour du 21 janvier 1972 : "C'est l'anti roméo et Juliette" de Claude Couderc,
- France Soir du 28 janvier 1972 : Barbara : "Avec la tête que j'ai personne ne me proposait de rôle au cinéma" de Monique Pantel
- Le Monde du 5 février 1972 : Quarante ans de Claude Fléouter
- La République du centre du 5 février 1972 : "Franz" Premier film de Jacques Brel comme réalisateur
- L
'Express du 7-13 février 1972 : Brel ou l'humeur vagabonde de Danièle Heymann
- Combat du 10 février 1972 : Box-office quotidien, Paris ville sans la banlieue
- Un extrait du livre Jacques Brel, une vie d'Olivier Todd clôt la revue.

De nombreuses images tirées du film et du tournage du film accompagnent le textes.



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Fondation Brel