Emission
diffusée mardi 8 novembre 1966 par la TSR
(télé suisse romande) en noir et blanc. Carrefour débute à 20 h 20 à la
suite du Télé Journal. Puis à la suite, à 20 h 35 débute l'émission jeu
Euromatch.
La
TSR diffusa la première Carrefour le 6 janvier 1961. Cette émission
d'actualité régionale revenait deux à trois fois par semaine. A partir
de 1965, chaque soir les téléspectateurs retrouvent Carrefour jusqu'au 5
janvier 1973 date de la dernière diffusion.
L'édition de Carrefour du 8 novembre 1966 d'une durée de 16 minutes présente plusieurs reportages.
- Les pompiers de Lausanne en exercice incendie présentent leur matériel.
- Une exposition dévoile les arts de la table à Lausanne.
- Les travaux de dédoublement de la ligne de chemin de fer de la CFF s'effectuent à Sierre dans le Valais.
- Une cérémonie roumaine se déroule à Neuchâtel.
- Depuis Genève, un journaliste revient sur la commercialisation de la
première poupée sexuée, avec en écho les réactions de parents et de
médecin.
- Le club d'Uberstorf présente une séance de dressage de chiens.
- Rubrique Vedette de passage : Interview de Barbara par Catherine Charbon (1932-2021).
Assise face à un clavier de piano, Barbara répond aux questions de Catherine Charbon.
Leurs
routes se croisèrent, en Belgique, à l'aube des années 50, à Charleroi
"au temps de l'eau du pain noir sans mirabelles...".
Barbara
effectue une première tournée en Suisse du 2 au 11 novembre la menant à
Bienne, Yverdon, Neuchâtel, Berne, Fribourg, Lausanne, Genève (deux soirs
consécutifs), La Chaux de Fonds. Antérieurement, pour la première fois
le 2 décembre 1965, Barbara chantait en Suisse, à Genève au Théâtre de
la Réformation, 69 rue du Rhône.
Au
cours de son séjour, le soir du 8 novembre, au Théâtre Beaulieu à
Lausanne, elle rencontre Marcel Imsand. Le photographe lui présente
le lendemain à Genève les clichés pris la veille sur scène à Lausanne.
A partir de ce soir, naitra un lien indéfectible entre eux.
Barbara se plie volontiers au jeu des questions réponses posées par Catherine Charbon. Quelques semaines avant la série de spectacles à Bobino.
Catherine Charbon : Il
est des questions banales et il est des êtres d’exception. A ces
êtres là quand on demande par exemple : comment allez vous ?
On est sûr que la réponse sortira de l’ordinaire.
- Barbara : Comment allez
vous ?
- Et vous ?
- Je vais très bien, je suis très
heureuse de vous revoir.
- Je vais très bien. Je suis très
heureuse d’être en Suisse.
- Oui, comment se passe cette
tournée au fait ?
- Elle se passe merveilleusement
bien. Je veux dire, j’avais des appréhensions parce qu’on a des
villes ou des pays où comme ça, dont on dit ah le public est pas
très chaud. En réalité les choses viennent toujours de nous, je
crois. Et là j’ai été émerveillée par le public que j’ai eu.
Parce qu’en fait c’est ma première tournée, je suis venue une
fois à Genève et je suis jamais venue en Suisse. J’ai jamais
rayonné. D’une part par la qualité du public qui est un public
très fervent, extrêmement réceptif qui a envie d’entendre des
chansons, qui en a besoin et qui est à la fois comment dirais je un
public qui est très généreux et très discret. Ce n’est pas le
genre de public qui après pose des questions qui peuvent être
gênantes et tout. Mais j’aime beaucoup cette tournée et je
regrette qu’elle ne soit pas plus longue.
- Ce sont des nouvelles chansons
que vous présentez avant Paris ?
- Non, ce sont des nouvelles et
des anciennes. C’est à dire, comme je dois avoir vingt sept
chansons. Il y a des chansons d’il y a dix ans et puis il y a des
chansons de l’année dernière et puis il y a effectivement six
chansons nouvelles.
- On l’attend votre nouveau
disque vous savez.
- Bien. Vous savez qu’il y a un
problème en France, que c’est la grève des musiciens ce qui
retarde la sortie des disques, parce que nous ne voulons pas nous
désolidariser de cette grève. Alors je pense, je ne sais pas, que
cela va bientôt cesser. Il n’est pas question d’enregistrer pour
le moment.
- Ce ne sera pas par exemple avant
le mois de janvier.
- On ne peut pas le dire. Elle
peut cesser d’un jour à l’autre et elle peut durer encore deux
mois. Alors évidemment c’est un petit peu gênant parce que j’ai
très bientôt Bobino. Mais enfin c’est pas grave.
- Bobino ce sera pour quand ?
- Bobino c’est pour Noël, du 15
décembre au 13 janvier.
- Et vous aviez préparé quelque
chose pour Bobino de spécial ?
- Pour ?
- Pour Bobino ?
- J’avais préparé… J’ai
écrit des chansons nouvelles et puis je crois que cette année je
chanterais une chanson debout, ce qui pour moi est un évènement de
quitter mon piano.
- Quand vous chantez vos chansons,
enfin, est ce que vous vivez votre vie ou vous la chantez ?
- C’est un petit peu pareil.
Vous savez, les peintres se peignent et les écrivains se racontent.
Et là, c’est beaucoup moins important mais oui, bien sûr, je
crois que oui.
- Est ce que vos chansons quand
vous les travaillez, est ce qu’elles se transforment au contact du
public ?
- Oui, absolument. Parce que je
m’aperçois que finalement, les répétitions servent au point de
vue des pianos, au point de vue de la mise en place avec les
musiciens etc.… mais je m’aperçois que c’est en scène que les
chansons sont accouchées. C’est le public qui accouche une
chanson. Par exemple il y a des chansons que j’ai mises très
récemment, enfin deux ou trois jours et que j’avais travaillées
comme ça chez moi, enfin répétées… J’ai besoin d’une
réceptivité. Cette réceptivité c’est le public. Ces chansons
n’étaient pas du tout faites. Et le premier soir où je les ai
mises c’était comme un accouchement. C’est le public qui fait
ça.
- Et le public aussi différent
soit il transforme les chansons ?
- Absolument, absolument. Ils les
font vous comprenez. Il reste un canevas que nous faisons mais eux
les bougent. Je sais que ces chansons dans six mois seront très
différentes .
Par exemple, le premier disque que
j’ai enregistré quand je l’écoute maintenant, je l’ai
toujours trouvé insupportable, mais enfin, maintenant je le trouve
vraiment inécoutable parce que c’est une chanson qui n’a pas
vécu, qui n’est pas habitée. Tant qu’elle n’est pas faite,
elle n’est pas accouchée par le public.
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