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Concert SOS Racisme 1988 |
Naissait en 1984 l’association SOS Racisme avec son slogan leitmotiv Touche pas à mon pote. Sur les murs, en pins, en affiches fleurirent des mains dressées disant stop au racisme et à l’antisémitisme arborant fièrement dans leurs paumes Touche pas à mon pote. A l’aube des années 80, après quarante ans d’effacement, de recul, les idées d’extrême droite reviennent. SOS lutta, lutte et luttera contre le racisme et l’antisémitisme. L’année suivant sa création, SOS racisme propose un concert gratuit en juin place de la Concorde. Les années suivantes, 1986 Place de la Bastille, 1987 Esplanade du château de Vincennes ce concert de juin de plus en plus de potes. L’édition 1988 du concert rendez-vous se déroule samedi 18 juin devant le château de Vincennes avec pour thème la lutte contre l’apartheid en Afrique du sud. Ce soir-là, SOS Racisme propose un concert, plutôt trois concerts simultanés depuis le Sénégal, Les États Unis et la France. Depuis le quartier de Harlem à New York, l’Appolo Theater, le stade Demba Diop de Dakar, et Vincennes la musique prendra possession des lieux. Harlem Désir animera la soirée depuis Dakar dans un stade accueillant plus de 30 000 spectateurs. L’Appolo Theater ne fera pas salle comble. Seulement 400 spectateurs feront le déplacement. La promotion de la soirée a loupé cet évènement peut être en rendant le spectacle payant. A Vincennes, la scène s’installe sur l’Esplanade Saint Louis. La scène éphémère s’installe face à la Caserne Carnot de la Garde Républicaine, tournant le dos au vieux château de Vincennes auquel elle est collée. A partir de 19 heures, une foule de plus de 300 000 spectateurs occupe l’espace jusqu’au petit matin. Malek Boutih vice président de l’association et Christophe Dechavanne animent la soirée. Au fil des jours l’affiche de la soirée se construit avec des participants de dernière minutes. Ce soir la musique africaine remplit une grande partie de la distribution, plus de quarante artistes participent : Joan Baez, Johnny Clegg et Savuka, Jacques Higelin, Indochine, Ray Lema, Ziggy Marley, Zulu gang, Les Communards, Mory Kante, Alain Souchon, Laurent Voulzy, Tom Novembre, Xavier Deluc, Louis Chédid, Barbara, Yves Simon, Guy Bedos, Bruce Springsteen, Burning Spear, Malavoi,Marie Jo Alié, Orchestra Baobab, groupe sénégalais, Cheb Kader auteur compositeur interprète algérien, Kanda Bongo Man, représentant de la rumba zairoise, Ismael Lô, chanteur folk sénégalais, Baaba Maal chanteur guitariste du Sénégal, Youssou N'Dour, auteur compositeur interprète dakarois, Dédé Saint-Prix, chanteur traditionnel de la Martinique….. TF1 retransmets la soirée. En
ouverture de la soirée, sur scène un communiqué de François
Mitterrand président de la république réélu en mai pour un second
septennat est lu : " Nous voyons remonter des bas-fonds de
notre histoire les tentations de l'exclusion et de l'intolérance.
Tout au long de la nuit, la musique sera le lien entre les hommes et
les femmes de bonne volonté. De toutes les formes de dialogues entre
les hommes, c'est celle qui se joue des frontières. La musique se
nourrit de toutes les cultures, de toutes les saveurs, de toutes les
couleurs. Les concerts organisés simultanément ce soir sont une
langue universelle qui dit, mieux que les discours, la possible et
courageuse fraternité des hommes. " Le
premier ministre Michel Rocard adresse un communiqué à
l’association : "
Vous êtes venus délivrer un message. Vous êtes venus entendre de
la musique. Le message, c'est celui de l'antiracisme que vous
soutenez de votre présence. La musique, c'est celle dans laquelle
communient des femmes et des hommes animés d'une même solidarité,
sans distinction d'origine, de race ou de religion. Je laisse bien
vite la place à cette musique, non sans vous dire combien je
regrette de n'être pas parmi vous, non sans vous dire combien je
souhaite de succès à votre rassemblement. La jeunesse nous rappelle
à la Fraternité. Continuez : c'est l'avenir du monde. " Aux élections législatives quelques jours plus tôt, près de 10 % des votants choisissaient un bulletin de vote Front National. Après
plusieurs heures de spectacle, la nuit tombe sur Vincennes.
Christophe Dechavanne entre en sur la scène. « On a assisté
aux répétitions et c’était très étonnant. Je vais annoncer
Barbara... » Barbara s’assied à son piano placé face au
public. Aux claviers Gérard Daguerre et Jean Louis Hennequin, à
l’accordéon Sergio Tomassi l’accompagnent. Barbara chante
Göttingen…. " … Et lorsque sonnerait l’alarme, mon cœur
verserait une larme pour Göttingen " de la foule s’élèvent
des applaudissements nourris et un mot Encore… Barbara regagne les
coulisses. Christophe Dechavanne revient en scène « Je crois
qu’on peut encore faire une petite salve d’applaudissements à
Barbara » Barbara revient sur scène. Devant les Encore du
public l’animateur dit " Qu’est ce qu’on fait
Barbara ? ". Barbara regagne les coulisses. L’animateur
ajoute " Merci Barbara, merci mille fois… Vous savez que nous
passons des moments assez extraordinaires, les gens ce soir, c’est
extraordinaire... " En juillet suivant, Barbara entamera une tournée d’été la conduisant d’Aix les Bains à Cannes. |
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