Anne Sylvestre - La révoltée de la vie |
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A la fin des années cinquante, les femmes ne chantaient que les
mots des autres, les mots des hommes principalement. Un jour surgit Nicole Louvier, guitare sous le bras. Elle
chantait ses textes en s'accompagnant. Une jeune étudiante découvrit cette nouvelle venue. Lui
vint alors l'idée : "Et pourquoi pas moi. Ecrire des chansons de femme
pour une femme". Depuis des années elle écrivait pour elle-même. La Colombe de Michel Valette lui ouvre ses portes. Elle
s'installe en ce petit cabaret avec sa guitare, elle y chante ses mots, ses
notes. Ces compagnons de chanson se nomment alors Guy Béart, Pierre Perret...
Puis Chez Moineau, rue Guénégaud, elle chante dans ce lieu atypique. Elle
rencontre et croise des débutants comme elle : Jean Ferrat, Christine Sèvres,
Pauline Julien, Barbara... Jacques Canetti lui propose d'enregistrer un disque. La presse découvre la jeune Anne Sylvestre. Georges
Brassens encourage et félicite cette nouvelle auteure compositrice interprète. Les disques enregistrés se suivent sous la houlette de
Claude Dejacques chez Philips. Les scènes se succèdent. Un public chaque jour plus nombreux
vient à sa rencontre. Elle aborde des thèmes que la France bien pensante des
années soixante rangeait au placard des tabous, des non-dits. Elle osa chanter
l'homosexualité, l'écologie, le danger nucléaire, le féminisme, l'avortement... Toujours elle s'insurgea contre "les biens
pensants", "les gens bien intentionnés" chers à Georges Brassens, "les dames patronnesses"... La télé l'ignora, la bouda. Une partie de la presse se détourna
d'elle. Malgré tout elle remplissait les salles. Elle créait ses fabuleuses fabulettes loin de la
crétinisation infantilisante. Les écoles chantèrent les fabulettes, puis les
enfants aussi. Pionnière de la chanson à texte, de la chanson qui nous
parle, qui nous réveille, Anne Sylvestre conduit à penser, réfléchir, sourire. "C'est pas moi qui vous vendrai du trou la trou la
lère C'est pas moi qui vous vendrai du vent Si c'est ça qu'il vous fallait du trou la trou la lère Si c'est ça fallait le dire avant.." Anne Sylvestre sait aussi être tendre et poétesse. Le talentueux François Rauber longtemps arrangea en
musique, ses mots, ses textes si finement ciselés. Toujours elle chanta ses mots, ses colères, ses révoltes,
la vie opiniatrement. Pourtant elle n'oublia pas ses collègues de chansons en
créant des duos et spectacles : Boby Lapointe, Pauline Julien, Agnès Bihl, Les ogres de Barback,
Nicolas Bacchus.... Anne Sylvestre dans le texte : "S'engager pour mieux se dégager..." " Plus on approche de l'estuaire, plus on se souvient
de la source..." " Je suis née féministe" "Avez-vous peur de vieillir ? "C'est quoi une femme libre ? "J'ai écrit mes chansons pour ne pas chanter celles
des autres..." Dans Si mon âme en partant elle se souvient Du jasmin du jardin de Tassin... Du rire de Baptiste
éclaboussant le ciel... Des larmes des pianos, des guitares fêlées.... Dans un écrin de velours rouge je pose quelques titres
petits bijoux de mon choix bien partial :
Ce soir mes pensées s'envolent vers la dame de Vézannes
drapée dans sa longue cape que fasciné je croisais. Aux soirs de grisaille vous demeurez là, tellement
présente, tellement forte lumineuse. Votre voix toujours s'élèvera dans le silence de nos nuits,
de l'horreur parfois et de la vie aussi... Je vous laisse la parole. Qui peut mieux que vous sait vous
dire vous chanter. Ecoutez, Ecoutons Cousine duo Nicolas Bacchus, Anne
Sylvestre. Vous êtes là, tellement là... Merci Merci Merci |
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