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Bretagne actualité |
Émission diffusée samedi 27 novembre 1965 par l'ORTF en noir et blanc. Fin novembre 1965, Barbara chante à Lorient. Durant le week-end de Noël 1965, elle se produira à Rennes. Il suffit de traverser le pont sur le Scoff pour arriver à Lanester. Au
lendemain du spectacle donné à Lorient, les caméras filment Barbara dans le
foyer du Club de jeunes de Lanester. Mai
1964, nait à Lanester Le club des jeunes. Le club comprend plusieurs
groupes : théâtre, reportage, photo, prise de vue. Le club forme un
orchestre et organise des spectacles, des rencontres avec des jeunes
étrangers, des séances culturelles. Le club s'installe dans un local au
sous sol de l'actuelle école maternelle Henri Barbusse (45 avenue de la
république). L'accès au foyer du Club des jeunes se trouve au 19 de
l'avenue Stalignrad. Le secrétaire de l'association André Le Thiesque
prenait contact avec le manager de chanteurs donnant spectacle à
Lorient. Il essayait de les convaincre de venir au foyer du club pour
aller à la rencontre des jeunes. Ainsi le Club des jeunes accueillit :
Jacques Brel, Les Surfs, France Gall, Tino Rossi, Pia Colombo, Marcel
Amont.... et Barbara. Elle répond volontiers aux questions de Fernand Leréec entourés du jeune public. - Les jeunes qui sont ici ce soir vous aiment. Il semble qu’on ne puisse que vous aimer. Il semble que lorsque vous chantez, que lorsque vous respirez vos chansons on s’arrête soi-même de respirer et que mon dieu, les nerfs se tendent, le cœur saigne. Qu’est ce que ça vous fait cela ? - De toute façon que vous me disiez les jeunes vous aiment ça m’importe beaucoup, parce ce qui m’importe c’est la jeunesse. Applaudissements de la salle - Barbara vous portez un nom sauvage. Il semble que vous soyez une femme acclimatée dans le jardin de la chanson. Et pourtant vous êtes apparemment une femme libre. Comment vous faites pour concilier tout cela ? - Qu’est ce que vous entendez par apparemment libre ? - Je veux dire que vous n’êtes pas intégrée dans le système de la chanson. - Mais je ne sais pas. Je fais exactement les choses que j’aime comme j’aime et ce qu’il y a de merveilleux justement dans je ne vais dire ma carrière enfin dans les choses qui se déroulent comme ça c’est que dans la mesure du possible je vis avec des gens que j’aime. Ca me laisse peut être un certain naturel qui est un luxe finalement ça explique cette liberté. - On dit Barbara ne chante pas. Barbara se confesse. En tous cas, il semble que vous ayez fait monter le ton de la confidence jusqu’aux lèvres et jusqu’à l’audience publique. - Je ne sais pas parce que c’est un avis que vous donnez. Moi je ne suis pas du tout spectateur de ce que je fais. Donc je peux difficilement vous parler de moi. D’ailleurs ça ne m’intéresse pas de parler de moi. J’aimerais beaucoup mieux vous parler des choses. - Qu’est ce qui est important pour vous ? L’amour, la liberté, la vérité ? - Tout cela c’est la même chose parce que tout est amour finalement. - C’est vrai ? - Bien sur c’est vrai. - Autrement dit pour vous être ou ne pas être c’est chanter ou ne pas chanter. - Non. C’est très compliqué. Tout ce qui m’importe c’est d’être comme ça près d’un piano, de chanter. Parce que pour moi, la chanson est une conversation et que cette conversation ai lieu devant un public devant des gens et c’est ça vous savez, ce n’est pas que la chanson. Faut pas oublier que c’est plus grave que ça. - Pourtant, pourtant, vous ne voulez pas réfléchir sur votre art. Vous avez dit quelque part la joie triste de chanter. Qu’est ce que ça veut dire ça la joie triste de chanter ? - Je n’ai jamais dit la joie triste de chanter. - On l’a dit pour vous. - Ah, demandez donc alors à qui l’a dit. - Est ce que vous avez l’impression de gagner pour vous un peu de bonheur chaque soir ? - Oui je suis heureuse en scène c’est tout. Je ne me pose pas toutes ces questions. Ce sont les autres qui posent des questions en réalité. Et que c’est embêtant finalement, je vous demande pardon de dire ça, mais voilà je suis une femme qui chante et je chante vous comprenez c’est tout, rien d’autre. - Le bonheur que vous donnez ça vous importe ? - Si je donne du bonheur, oui ça m’importe beaucoup. Le bonheur qu’on me donne c’est un tel cadeau que si j’apporte deux minutes comme ça c’est bien. - Vous chantez pour quoi en définitive ? - Je chante parce que c’est ma façon de respirer, c’est mon moyen d’expression. C’est ma conversation à moi. - Vous avez dit tout à l’heure que vous n’aviez pas parlé de la joie triste de chanter. Est ce que vous avez dit vraiment chanter ou mourir c’est tout ce qui importe ? - Oui. Ça je n’ai dit. Je n’ai pas envie d’ajouter quoi que ce soit à ça. C’est comme ça. - Est ce que vous êtes heureuse ? - Et vous ? Les caméras s'éclipsent. A la suite de l'interview, les jeunes trouvent un piano pour Barbara. Elle s'installe au clavier, elle improvise, fredonne, chante pour eux.
Remerciements chaleureux au personnel des Archives municipales de Lanester. |
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