Barbara à Montréal au cours des années 70, articles de presse divers et témoignages


Annonce des spectacles au Patriote en 1970

1970 : du 5 au 19 juin au Patriote


Titre de la presse de Montréal en 1970

Photo de la presse de Montréal en 1970Hé, oui, dans quelques jours "Madame" sera à Montréal; "Madame", c'est évidemment BARBARA. Après avoir dit quitter la chanson pour le théâtre (elle n'avait plus d'inspiration, disait-elle), après avoir reporté plusieurs fois son passage à Montréal (elle avait un contrat signé depuis longtemps) à cause de cette pièce, "Madame", qu'elle jouait sur une scène parisienne et après l'insuccès de ce spectacle, voilà enfin qu'elle s'amène vers nous, Barbara. Et pour deux mois presque ! Elle passera, pour commencer, au Patriote durant deux semaines et elle fera aussi Terre des hommes. Ajoutons à cela de nombreuses télévisions, dont un Zoom spécial et tous ces engagements nous donneront pratiquement ces deux mois. Enfin, peu importe les raisons qui nous amènent Barbara à Montréal, c'est tout de même une bonne nouvelle.



Barbara au Patriote 1970  ©Albert Malka

Barbara au Patriote 1970 ©Albert Malka


1973 : du 30 octobre au 11 novembre au Patriote


Le mois de novembre accueille à Montréal plusieurs artistes étrangers de renom dont l'excellente chanteuse française Barbara, le populaire chanteur français Julien Clerc et un des derniers monstres sacrés du show-biz international, Marlène Dietrich. En effet, depuis le 30 octobre jusqu'au 11 novembre prochain Yvan Dufresne produit Barbara sur la scène de la boite à chansons Le Patriote


Titre de la presse à Montréal en 1973

Habit de velours noir, style médiéval. Les yeux cerclés de noir. Seule tache de couleur : des lèvres trop rouges. Barbara arrive sur scène comme la première fois. Il y a bien quelques choses de changées : davantage de sourires, quelques histoires, un contact plus proche avec le public.
Sa plus grande complicité, le climat d'intimité le plus profond, c'était et c'est encore avec ses chansons qu'elle les établit
Installée comme toujours au piano, elle s'accompagne dans presque toutes les chansons. Roland Romanelli joue pour elle de l'accordéon et du piano électrique.
Cependant, entre le spectacle présenté il y a deux ans dans la même boite et celui de cette année, je me demande où est la différence.
Comme la dernière fois, elle raconte une seule et même histoire : celle de la panoplie de Sœur qu'on achète pour Marie-Thérèse (nom prédestiné), enfant de six ans religieusement précoce (il y a deux ans, elle en avait quatre. Barbara précise qu'elle l'a fait vieillir). Elle chante encore "Hop-là" immédiatement après, qui n'a rien à voir avec elle. "Rien dans la tête, tout dans les jambes" chante-elle légèrement. Comme la dernière fois, l'effet reste le même. Surprenant. Les surprises ne sont pas toujours nécessairement désagréables. Ca change du décor habituel.
Et le décor, meublé d'anciennes et de nouvelles chansons, Nantes (toujours aussi émouvante), Le mal de vivre, Le jour de mon enterrement, Les amours incestueuses, La solitude, reste le même : le monde toujours inquiet et mélancolique de Barbara.
Une note d'originalité Marienbad est une chanson dont elle n'est pas l'auteur. Les paroles sont signées François Wertheimer. Cela ressemble encore beaucoup à Barbara mais avec quelque chose de plus mystérieux. Intéressant. Il faudra attendre les autres, puisqu'elles doivent nous parvenir sous forme de 33 tours, pour savoir si elle a eu raison de confier le choix de ses prochaines chansons à un auteur autre qu'elle-même.
Il y a peu de gens qui peuvent se permettre de monter sur scène comme ils le faisaient la fois précédente. Pour eux, les structures du spectacle n'existent pas ou prennent d'autres formes. Pour nous aussi. Barbara pourra toujours chanter Chapeau bas, La solitude, Ma plus belle histoire d'amour sans lasser. Tant qu'elle nous fera pénétrer dans le monde doux amer de ses chansons, le visuel - ce qui tient d'artifice - prendra encore la seconde place.
Moins austère qu'autrefois, elle a des sourires plus complices avec la salle. Mais pas trop. Elle garde encore assez de mystère, des gestes dramatiques mais moins théâtraux (donc moins agaçants) qui moussent cette intensité qu'on ressent encore plus présente dans la petite salle du patriote.

Par Christiane Berthiaume


Au Patriote, Barbara a présenté quelques monologues désopilants, avec un débit rapide, rappelant les bafouillages de M. Dary Cowl. On lui a fait une ovation debout. Il est toujours agréable de découvrir de nouvelles facettes chez une artiste qu'on admire.

Photo presse Montréal 1973

Photo presse Montréal 1973



1975 : du 6 au 9 mars au théâtre Maisonneuve de la Place des Arts


Texte du programme des spectacles

Long oiseau chaque jour en deuil de la veille, muse du mésamour et du mal de vivre, Barbara se défend d'être désespérée. Elle vit, dit-elle, c'est-à-dire: elle chante.

Barbara n'a pas de souvenirs. Elle n'a que des chansons. Les chansons de Barbara sont de celles qu'on n'invente pas. Qu'on a vécues puis écrites sous la caresse ou la gifle de l'émotion. Plus souvent la gifle, quand on s'appelle Barbara; on rumine depuis quinze ans de sombres nostalgies toujours renouvelées; toujours la même angoisse de vieillir et la même solitude et chaque jour on prend le deuil de la veille.

Dans ses chansons d'ombre, de mésamour et de pluie trouées parfois d'un arc-en-ciel, Barbara n'a jamais raconté qu'elle-même. Sans tricher. Ni sur sa manie de la sincérité, ni sur sa manière: une langue déliée, subtile, une musique à sa voix, acrobatique et pure.

"Il faut bien vivre, vaille que vivre." Une boutade qui, venant de Barbara, ne manque pas d'élégance. Née le 9 juin 1930 à Paris; une enfance sinistre, une jeunesse gâchée; Barbara n'a pas oublié. Malgré des chansons qui sont autant d'exorcismes d'un passé douloureux. De là, son goût un peu amer pour une solitude frileuse mais fière. Un an de Conservatoire, pour voir, et puis un emploi de mannequin choriste à Mogador. Elle rêvait de l'Opera-Comique et ne doutait pas un seul instant d'être née chanteuse et comédienne pour rire. Un professeur d'art dramatique lui fit remarquer qu'elle serait plutôt douée pour la tragédie. La vie aussi allait s'en charger.

Elle a vingt ans et elle anime un cabaret à Bruxelles. Chanter ça va, mais faire les comptes, beaucoup moins! On ferme! Paris, les cabarets, la dèche. Elle chantera à l'Ecluse, cabaret de la Rive Gauche, pendant six ans. A dix francs par jour. Mais tout arrive. On n'oubliera pas de sitôt la vedette américaine de Brassens à Bobino en 64; Nantes, Pierre, A mourir pour mourir non plus. Barbara, obsédée de décence, se livre enfin avec ce frémissement généreux qui gagne tout de suite la complicité du public. Un an plus tard, à Bobino encore, c'est la fête à Barbara. Tendre, ironique, désabusée, mystérieuse, toujours très à l'aise entre l'intelligence et l'instinct, Barbara la mal-aimée, Barbara la farouche, Barbara la recluse a été adoptée!

Laissons le mot de la fin à Barbara: "Je suis une femme qui vit, qui respire, qui aime, qui souffre, qui donne, qui reçoit et qui chante."

Programme des spectacles au Théatre Maisonneuve en 1975

Titres chantés au Théatre Maisonneuve en 1975


Titre de la presse Montréal 1975

Barbara à Montréal 1975"Barbara se défend d'être désespérée. Elle vit, dit-elle, elle chante" peut-on lire dans le programme de la soirée qu'on nous remet avant son spectacle. Effectivement, lorsque Barbara est sur scène, elle se retire dans son univers de chansons et les revit l'une après l'autre. Son public, celui qui l'aime, entre dans cette intimité et participe à cet échange de sentiments que la chanteuse leur transmet.
Jeudi, soir de la première, Barbara avait des problèmes avec le son. Tantôt elle déplaçait une boite de son, tantôt elle faisait des signes à l'éclairagiste ou lui parlait carrément ! "Voyons mon chéri, je ne m'entends pas. C'est pas de ta faute... Mais dis moi ce qu'il faut que je fasse !" Barbara a terminé son spectacle sous les applaudissements très chaleureux de l'assistance. Elle nous offre plusieurs chansons nouvelles pour nous, comme L'enfant laboureur et Les insomnies dans laquelle Barbara se moque d'elle-même avec beaucoup d'humour. Il vous reste ce soir et demain pour aller l'entendre.

Photo presse Montréal 1975


Théâtre Le Patriote


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