Hommage
à Barbara
Discours
de M. Jean-Marc Ayrault Député-maire de Nantes
Samedi
9 décembre 2000
Monsieur
le maire de la commune libre de Saint-Joseph de Porterie, Jean Jahan
Monsieur
le président-gouverneur, Pierre Guiard
Mesdames,
Messieurs,
Chers
amis,
Il
y a trois ans, Barbara nous quittait. Un triste jour ou était-ce une nuit ?
elle s’est endormie pour l’éternité.
La
magnifique Dame en noir nous a tiré son ultime révérence. Mais sa voix ne
s’est pas tue. Précieuse et sensible, elle plane toujours, comme l’aigle
noir de la chanson, du côté des sommets de la chanson française. Certes, on
n’entendra plus Barbera
de vive voix - comme ce fut le cas en 1986 - , tout près d’ici à La
Beaujoire au côté de Gérard Depardieu dans la comédie musicale Lily Passion.
Mais il reste ses le souvenir de ses nombreux enregistrements, le souvenir de
cette élégance toute poétique qui la caractérisait et l’émotion, toujours
intacte, qui est la marque des grands artistes. En apprenant la nouvelle de la
mort de Barbara, je n’ai pu m’empêcher de penser à la tristesse particulière
de Nantes. Je me suis dit ce jour-là “ il pleut sur Nantes ”.
A
Nantes, celle émotion est d’autant plus vive que notre ville est liée à
l’un des souvenirs personnels les plus douloureux qu’ait connu la chanteuse:
la mort de ce père qui était parti sans laisser d’adresse dix ans plus tôt,
et qu’elle n’a jamais revu vivant. Décédé à l’hôpital Saint-Jacques,
il fut enterré - faute d’argent - dans la fosse commune du cimetière Miséricorde.
Car
à cette époque - c’était en 1959 -
Barbara n’était pas encore reconnue comme elle sera très peu de temps
après. Et, paradoxalement cet épisode tragique de sa vie eut une conséquence
heureuse pour sa carrière de chanteuse - et pour notre plaisir - donnant vie à
l’une des plus belles chansons du répertoire français.
Cette
chanson porte le nom de Nantes.
Mais,
si notre ville se trouve ainsi durablement associée à un sentiment de
tristesse immense baigné de larmes de pluie, nous ne pourrons jamais en faire
grief à l’artiste qui s’est emparée des deux syllabes du mot “Nantes”
pour désigner son désespoir. Et pour tout dire, nous en sommes même honorés.
J’ai
eu la chance avec ma femme de faire la connaissance de Barbara en 1989 et de la
revoir par la suite et parler avec elle de Nantes, du public nantais auquel elle
est liée par une tendresse particulière.
Car
si cette chanson appartient désormais au patrimoine français, elle fait aussi
partie désormais de l’histoire de Nantes. Et c’est pourquoi la Ville
s’est portée acquéreur de la partition de Nantes lors d’une vente aux enchères
- où je sais que la commune libre de Saint-Jo était bien représentée - et
durant laquelle l’État a préempté le document pour le compte de la Ville de
Nantes.
En
fait il s’agit d’un ensemble de documents qui provient
de
la bibliothèque personnelle de l’artiste, documents qui étaient réunis dans
une pochette portant la mention “Nantes”. Certains sont annotés de la main
de l’artiste et l’ensemble est désormais conservé au château des ducs de
Bretagne pour le futur musée d’histoire de la ville de Nantes.
Exeptionnellement
nous présentons aujourd’hui une partie de ces originaux en forme de
contribution à l’hommage que la commune fibre de Saint-Joseph de Porterie a
voulu rendre à Barbara trois ans après son décès.
De
même, la municipalité a acheté, pour le franc symbolique, une parcelle de
terrain à l’association des co-propriétaires du lotissement des Fauvettes,
parcelle qui devient aujourd’hui allée Barbara, tout près de la rue de la
Grange au Loup qui fut inaugurée par la chanteuse en compagnie de Gérard
Depardieu en 1986 au lendemain de la représentation de
Aujourd’hui
je voudrais féliciter et remercier les responsables de la commune fibre de
Saint-Joseph de Porterie pour leur initiative et leur fidélité à la mémoire
de Barbara.
En
premier lieu Jean Jahan et Pierre Guiard. J’associe aussi Mme Line GUIARD à
ce beau travail.
Mes
félicitations et mes remerciements vont aussi aux artistes: Jeanne Merlet qui a
réalisé cette très belle oeuvre en bronze.
Pour
mot c’est la représentation d’une artiste d’éternité, vulnérable sur
scène mais si généreuse qu’elle
Félicitations
encore à Philippe Béranger, ce jeune artiste qui a réalisé cette fresque à
la fois respectueuse du souvenir de Barbara et pleine de passion vivante.
Jeanne
Merlet et Philippe Béranger vivent dans ce quartier et s’y investissent ce
qui est la marque d’un attachement exceptionnel à ce territoire nantais
vivant, si dynamique. Cet attachement, que vous partagez avec les responsables
de la commune fibre et de nombreux habitants de ce quartier méritait que la
Ville accompagne cette initiative en hommage à Barbara.
Cela
s’est fait avec la participation de plusieurs
Services
municipaux que je tenais aussi à remercier: votre chargé de quartier, les
espaces verts, les services culturels...
Grâce
à vous tous, le ciel de Nantes - malgré les intempéries de cet automne
finissant - n’a
plus cet air chagrin de la chanson.
“ C’était
un matin comme celui-là
Il
y a bien longtemps déjà...
Vingt
cinq rue de la Grange au Loup
Je m’en Souviens du rendez-vous... ”